Marcia Hadjimarkos se passionne pour le son des instruments à clavier quand, petite fille, elle reçoit son premier 45 tours et découvre le célesta dans la « Danse de la Fée Dragée ». Elle commence aussitôt des cours de piano, qu’elle étudie dans sa ville natale de Portland, Oregon (USA) jusqu’à la fin du lycée. Un double diplôme de « piano performance » et de littérature française de l’Université d’Iowa suit, ainsi que la révélation du clavecin et de l’interprétation sur instruments historiques. Elle s’installe en Europe, où elle tombe amoureuse du clavicorde et du piano-forte dans toutes ses formes. Elle perfectionne ce dernier auprès de Jos Van Immerseel au CNSM de Paris. Depuis, sa vie continue de tourner autour des instruments à clavier anciens et moins anciens, avec des concerts, des enregistrements, des spectacles qui marient paroles et musiques, et de l’enseignement. Basée en Bourgogne depuis une vingtaine d’années et reconnue comme spécialiste du piano-forte et du clavicorde, elle donne de nombreux récitals en tant que soliste, et pratique avec un égal bonheur la musique de chambre et le lied. Elle enseigne le piano dans différentes structures, et donne des master-classes autour du piano-forte et du clavicorde dans des conservatoires français et étrangers. Sa curiosité l’emmène aussi vers l’opérette, la rédaction et la traduction de nombreux textes sur la musique, et l’édition d’une partition de Dussek. Avec le comédien Philippe Borrini, elle crée Le Mozart intime, programme original qui retrace la vie du compositeur à travers ses lettres et sa musique pour clavier. « Événement unique », son intégrale des 54 Sonates de Haydn, présentée en huit concerts sur une variété d’instruments à clavier historiques, est une première très remarquée en France. Ses enregistrements, consacrés à Mozart (Sonates et Rondos au piano-forte, Avie), Haydn (Sonates au clavicorde, Zig-Zag Territoires) et CPE Bach (Pièces de Caractère au piano-forte et au clavicorde, Zig-Zag Territoires), ravissent la critique, comme attestent son Diapason d’Or, ses 5 étoiles dans oldberg, Musica et Fonoforum, et les articles aussi élogieux qu’unanimes parus dans Le Monde de la Musique, Télérama et Fanfare.
Hélène de Montgeroult (1764-1836) a été la plus grande virtuose et compositrice française de la Révolution et de l’Empire. Le style original et pré-romantique de ses œuvres pour clavier annonce en effet Chopin et Mendelssohn, et révèle une personnalité hors du commun. Née à Lyon sous le nom d’Hélène de Nervo, elle fait carrière sous le nom du premier de ses trois maris, le marquis de Montgeroult. Pendant la Terreur, la marquise Hélène de Montgeroult sauve sa tête de la guillotine en improvisant sur la Marseillaise devant le redouté Comité de salut public. En 1795, elle enseigne le piano au Conservatoire nouvellement fondé, seule femme à accéder au poste de professeur, mais démissionne trois ans plus tard pour raison de santé, continuant néanmoins à donner des leçons en privé. Elle écrit le Cours complet pour pianoforte, qui est alors en France la plus importante méthode d’enseignement de cet instrument. Sa vie romanesque l’amène à habiter dans de nombreuses propriétés en France et ailleurs, dont une à Saint Germain au Mont d’Or. En 1834, elle gagna la Toscane pour y soigner sa tuberculose et mourut à Florence deux ans plus tard. Une biographie complète écrite par le musicologue Jérôme Dorival aux éditions Symétrie a révélé en 2006 son importance artistique, la tirant d’un injuste oubli dont souffrent souvent les femmes compositrices. Plusieurs disques récents (‘La Marquise et la Marseillaise’ par Bruno Robilliard en 2006 ; ‘À la Source du piano romantique’ par Nicolas Stavy en 2009, tous deux en vente à l’issue du concert) ont permis d’entendre pour la première fois son œuvre pour clavier, essentiellement des Sonates, des Fantaisies et des Etudes.
L’instrument utilisé pour ce concert est une copie fabriquée en 1981 par Christopher Clarke, d’après un original construit vers 1814 par l’atelier viennois de Johann Fritz, actuellement conservé dans la collection Burnett à Finchcocks, dans le Kent (G.B.).